The Chase
Arthur Penn, USA, 1966o
Most everyone in town thinks that Sheriff Calder is merely a puppet of rich oil-man Val Rogers. When it is learned that local baddie Bubber Reeves has escaped prison, Rogers' son is concerned because he is having an affair with Reeves' wife. It seems many others in town feel they may have reasons to fear Reeves. Calder's aim is to bring Reeves in alive, unharmed. Calder will have to oppose the powerful Rogers on one hand and mob violence on the other, in his quest for justice.
L'ambiance est moite et tendue, comme dans un bon vieux Tennessee Williams. Et comme dans L'Homme à la peau de serpent, Marlon Brando impose sa carrure et sa félinité. Il est, dans le film d'Arthur Penn, le shérif incorruptible d'une petite ville texane. L'action se déroule en 1965, mais on est en plein western classique, dans la lignée du Train sifflera trois fois, où le shérif doit agir seul contre tous. Ce qui met le feu aux poudres en ce samedi soir alcoolisé ? L'annonce de l'évasion d'un enfant du pays, Bubber, le beau Redford, qui cristallise les haines et les envies parce que trop libre et rebelle. L'esprit des années 1960 commence à peine à souffler sur la ville et les tensions sexuelles sont aussi palpables que le racisme, la bêtise et la soif de sang.
Arthur Penn se délecte du portrait qu'il brosse de ce bout d'Amérique perdu avec ses Texans lâches ou agressifs, parfois les deux à la fois. Il organise une chasse à l'homme bestiale et hystérique. Il tord les visages — lors d'une séquence troublante en caméra subjective — et disloque les corps. Dont celui de Brando, battu comme un chien, défiguré par les coups lors d'un passage à tabac insoutenable. La longue scène finale, entre orgie et apocalypse, ne laisse aucune place à l'espoir. Ce beau film tragique et très noir annonce en fanfare deux autres chefs-d'oeuvre d'Arthur Penn, empreints aussi de bruit et de fureur : Bonnie and Clyde et le western Little Big Man. Le nouvel Hollywood est en marche.
Anne Dessuant