Des hommes
Lucas Belvaux, Belgium, France, 2020o
Bernard, Rabut, Février and others returned to France after two years in the Algerian war. They were silent, they lived their lives. But sometimes all it takes is a birthday or a gift, for the past to erupt forty years later in the lives of those who thought they could deny it.
Trois ans après sa sortie en salles, il est difficile de ne pas voir dans Des hommes une anticipation du sort que le milieu du cinéma allait bientôt réserver à Gérard Depardieu. L’acteur y joue un vieil homme violent que ses proches ne tolèrent plus. À l’issue d’une journée d’ivresse, il commet un viol sur une mère de famille algérienne, avant de s’enfermer chez lui, un fusil à la main, dans l’attente des policiers… Au crépuscule de sa gloire, Depardieu s’est complu dans les rôles de monstre. En adaptant le roman de Laurent Mauvigner, souvenirs d’un ancien de la guerre d’Algérie, le cinéaste belge Lucas Belvaux livre à l’acteur une occasion supplémentaire de déployer son pouvoir d’épouvante. Jusqu’à friser la caricature. Face à ses excès, Jean-Pierre Darroussin, dans le rôle de son cousin, reste en retrait. Triste et taiseux, lui aussi a connu l’Algérie. Le film nous transporte sur les champs de bataille et les campements militaires d’autrefois à travers une série de flash-backs, révélations des exactions vues ou commises par les jeunes soldats dont ils n’ont jamais parlé à personne à leur retour à la vie civile. À un moment, la voix off qui ponctue le récit se demande si ce sont bien des hommes qui ont commis de telles horreurs. Mais plus qu’une réflexion sur la négation de l’humanité dans la guerre, le film de Lucas Belvaux s’apparente à une mise en scène des travers de la masculinité durant et après le conflit. Du massacre au silence : une histoire d’hommes.
Emilien GürLucas Belvaux prend à bras-le-corps l’héritage moral et historique de la guerre d’Algérie, se débattant avec un récit parcellaire et douloureux. Car c’est bien un fascinant récit du corps que filme d’abord le réalisateur belge.
Corinne Renou-NativelSi sa première partie aurait gagné à être un peu raccourcie et que l’ensemble pêche parfois par un côté illustratif, Belvaux trouve le ton juste en sondant avec une retenue appropriée les douloureuses mémoires de ses personnages au fil d’un récit polyphonique émouvant.
Baptiste Thion