Fumer fait tousser
Quentin Dupieux, France, 2022o
After a devastating battle against a diabolical turtle, a team of five avengers – known as the "Tobacco Force" - is sent on a mandatory retreat to strengthen their decaying group cohesion. Their sojourn goes wonderfully well until Lézardin, Emperor of Evil, decides to annihilate planet Earth.
La semaine passée, Quentin Dupieux ouvrait le festival de Cannes avec son nouveau film, Le deuxième acte, comédie loufoque aux accents mélancoliques. Le précédent passage du cinéaste sur la Croisette remonte il y a deux ans, à l’occasion de la première de Fumer fait tousser, farce aussi hilarante qu’absurde. Cinq justicier·ère·s aux combinaisons moulantes se retirent au bord d’un lac sur ordre de leur supérieur, un rat en forme de marionnette surnommé «Chef Didier», soucieux de renforcer la cohésion au sein de son équipe qu'il juge vacillante. À partir de ces prémisses, Quentin Dupieux livre un kaléidoscope de saynètes macabres truffées de gags visuels, où l’humour décalé du réalisateur dialogue de manière fructueuse avec l’univers du sentai, genre japonais connu en Occident à travers les franchises Bioman et Power Rangers. Comme dans ses œuvres les plus réussies (Wrong Cops, Réalité, Incroyable mais vrai), le cinéastes culte parvient à relancer la lâche trame narrative sur laquelle repose le film à grand renfort de récits enchâssés, sans jamais connaître l’essoufflement qui caractérise certaines de ses productions moins abouties. Les nombreux·ses acteur·rice·s à l’affiche (Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, Adèle Exarchopoulos, Doria Tillier, Blanche Gardin…) frappent par leur drôlerie, exploitée dans différents registres, tandis que la conception des décors, dont le minimalisme ne se départit pas d’une grande attention aux détails, participe à la dimension surréelle de l'œuvre, à mi-chemin entre atmosphère onirique et parodie de film de genre. Au cinéma comme ailleurs, il faut savoir se donner les moyens de faire n’importe quoi.
Emilien GürOscillant entre parodie kitsch et comédie gore, Fumer fait tousser, qui ne respecte aucune trame narrative, est un film à sketches drôle et foutraque qui enchaîne les situations ubuesques.
La rédactionImpossible de ne pas rire aux répliques loufoques de ces sauveurs de la planète, moulés dans des costumes ridicules et aux ego mal placés, et de ne pas frissonner devant les petites histoires horrifiques, voire un peu gore, qu’ils se racontent pour se faire peur.
Barbara Théate