Une famille
Christine Angot, France, 2024o
Award-winning French writer Christine Angot goes on a business trip to Strasbourg where her father lived before dying several years ago. It is the city where she met him for the first time at the age of 13, and where he sexually abused her over the following years. His wife and children still live there. Angot takes a camera and knocks on the doors of her family to push them to clarify their attitudes to her father’s crime that stretched over so many years. A cinematographic journey that challenges social norms and family perspectives in dealing with incest.
L’essentiel de l’œuvre littéraire de Christine Angot tourne autour de l’inceste. Violée par son père, l’écrivaine revient sur ce traumatisme dans plusieurs romans publiés dès les années 1990. Une famille, son premier film en tant que réalisatrice, s’inscrit dans le sillage de ce travail douloureux. Invitée à présenter son dernier roman à Strasbourg, où vivait son père, Christine Angot se saisit de l’occasion pour rendre visite à sa veuve, accompagnée d’une caméra. Il en résulte une confrontation inoubliable, où la violence des faits verbalisés par la femme de lettre est décuplée par celle du déni de son interlocutrice, incapable de reconnaître sa complicité avec le violeur et la culpabilité de son feu mari. C’est autour de cette scène matricielle que gravitent les autres fragments de réel qui donnent forme au film : images d’archives familiales, entretiens entre Christine Angot et sa mère, son ancien conjoint, son avocat et sa fille. Qu’il s’agisse de faire parler le passé, de donner à entendre sa voix ou de laisser la parole aux autres – exercice délicat où les proches de l’écrivaine et cinéaste sont confrontés à leurs propres failles –, l’enjeu est toujours le même : briser le silence qui entoure les cas d’inceste en général et en particulier celui dont fut victime Christine Angot. À cet égard, Une famille porte bien son titre : l’histoire dans laquelle le film puise matière est certes singulière, mais hélas pas unique.
Emilien Gür